Plan du village
Dommartin était le centre d’une Seigneurie dès avant l’an mille qui regroupait également Houtaud, Vuillecin et Bugny. Situé sur les rives du Drugeon, au pied d’une côte boisée, Dommartin est un charmant village du Haut-Doubs qui présente beaucoup d’attraits. Il compte environ 750 habitants et son altitude s’étale de 807m à 944m au sommet de la « côte du fol ».
L’origine de son nom renvoie à Martin, évêque de Tours du IVème siècle et saint protecteur de la paroisse. Ainsi, Dommartin serait la traduction française de « domus Martini » (maison de Martin) ou « Dominus Martinus » (Seigneur Martin).
L’église du village possède à cet effet une magnifique statue en pierre polychrome représentant St Martin partageant son manteau avec un malheureux. Statuaire connue sous le nom de « charité de St Martin ».
La chapelle de « Niai-Nion » est située dans une petite combe, en lisière de forêt et à proximité d’une source. Elle fut érigée après la terrible épidémie de peste noire de 1636. En effet, cet endroit reculé servait de refuge pour les malades qui étaient pris en charge par Jeanne Laignier.
Originaire de Bannans, cette jeune femme fini par contracter la maladie et succomber sans la moindre assistance. Ce qui la conduisit à s’exprimer en patois « niai-nion pour me soigni », ce que l’on peut traduire par « je n’ai personne pour me soigner ». Considérée comme la « petite sainte du village », Jeanne repose derrière la chapelle, au milieu du cimetière où ont été enterrées les victimes. Sa pierre tombale est toujours visible car elle n’a jamais été recouverte par l’herbe. On raconte même que ni la neige en hivers, ni les feuilles en automne ne s’y déposent …
L’église primitive de Dommartin (qui devait se trouver à l’emplacement actuel du chœur) est l’une des plus vieilles du plateau de l’Arlier. Elle fait partie des trois « églises mères » avec Boujailles et Dompierre. Elle est citée pour la première fois dans une bulle du pape Innocent II en 1141 – première citation écrite du village de Dommartin – puis dans un acte de l’archevêque de Besançon en 1143 qui la rattache au prieuré de Mouthier-Haute-Pierre.
Le bâtiment actuel date de différentes époques : le chœur polygonal et les absides en croisées d’ogive sont du XVème avec des ouvertures remaniées en 1692 qui rappellent le gothique flamboyant.
Il est probable que, comme la totalité du village, l’église de Dommartin ait été incendiée en 1639 lors de l’invasion de la Franche-Comté par les troupes de Bernard de Saxe Weimar – mercenaire à la solde du roi français Louis XIV. La couleur rouge de certaines pierres du chœur renvoie probablement à cet épisode.
La nef centrale et les deux nefs collatérales ont été reconstruites en 1721 (date gravée sur un arc, visible depuis la tribune) et un nouvel incendie se déclara le 13 septembre 1732 qui endommagea la solidité du clocher. Ce dernier s’écroulera au début du XIXème pour être reconstruit en 1825. Il s’agit d’un très beau clocher-porche surmonté d’un toit à l’impérial et décoré de trois statues.
Les vitraux sont de différentes factures :
Papier-collé du XIXème pour ceux des nefs.
Peinture sur verre du XIXème pour le vitrail central du chœur qui représente en triptyque St Antoine avec son porcelet, la Vierge Marie et St Martin en évêque de Tours.
Vitraux en éléments de verre assemblés au plomb pour les deux côtés du chœur et datant de 1935. Celui de gauche représente la Ste Famille au travail à Nazareth tandis que celui de droite rappelle la « boule de feu » apparue lors d’une messe célébrée par St Martin.
La statuaire est constituée d’une superbe « charité de St Martin » en pierre polychrome du XVIème (classée) et d’une Pieta en bois polychrome du XVème. Il s’ajoute le calvaire en bois au-dessus du chœur : Christ en croix datant 1730, entouré de Marie et St Jean. La cuve baptismale à l’entrée est une remarquable pierre sculptée datant de l’origine du chœur (XVème).
Deux retables d’art baroque entourent le chœur : l’un à gauche dédié à la Vierge – statue en plâtre logée dans une niche en dessous de laquelle se trouve une évocation de l’Apocalypse de St Jean avec un agneau sur un livre aux sept sceaux – et l’autre à droite avec St Martin en évêque Tours. Sur ce dernier, on note, entourant le tabernacle, la présence des bustes en bois de St Ferréol et St Ferjeux qui furent les évangélisateurs de la Franche-Comté.
L’imposant et beau clocher comtois de 1825 culmine à 36 mètres de hauteur.
La réfection de la croix de chemin située près du porche de l’église a été engagée en novembre 2002 par le Ferronnier d’Art Didier Coutier de Montperreux.
Aucun renseignement bibliographique n’a pu être retrouvé dans les archives départementales ou les archives communales.
On ignore la date exacte et la circonstance de l’érection de cette croix. Ce type de croix date du 19ème siècle pendant lequel plusieurs variantes ont été réalisées dans le Haut-Doubs (La Planée, Longeville, Rochejean). Ces monuments préservent fréquemment des instruments de la passion.
Le piédestal couronné par une corniche est fait de béton et de pierre calcaire. Il porte le fût et le croisillon. Celui-ci est fleuronné et orné de vrilles. Un ostensoir se dresse dans l’axe. Au pied du croisillon, une tige garnie de 2 fleurs peut faire penser qu’il a pu exister d’autres éléments.
Autrefois, cette croix se dressait sur le devant du porche de l’église. Elle a été déplacée sur le côté du bâtiment lors de la suppression du cimetière autour de l’église et l’aménagement du carrefour.
Inscrite aux monuments historiques, cette croix, qui a supporté la dégradation du temps, a du subir une réfection de la partie fer forgé.